André Buet

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MONTILLOT est un village du Sud du département de l’Yonne, à 32 km au SSE d’Auxerre, et à 15 km à l’Ouest d’Avallon, chef lieu de l’arrondissement et ville la plus proche. Il se trouve sur la ligne droite reliant Auxerre à Vézelay, à 6 km de cet autre village, chef-lieu du canton et site touristique bien connu. Le territoire  de la commune couvre 2245 ha, et sa population, recensée en 2006, est de 280 habitants, répartis entre le bourg et 3 hameaux, Tameron, le Vaudonjon et les Hérodats.

Le premier document citant Montillot date de 1169 ; c’est une bulle du pape Alexandre III qui définit le territoire placé sous la juridiction de l’Abbaye de Vézelay.

Depuis l’origine, agriculture et élevage constituent les ressources de base des familles de ce village. La couverture végétale dépendant de la nature du sol et du sous-sol, il nous a paru nécessaire, avant de nous plonger dans l’histoire de ces familles,  de décrire le contexte géologique actuel et son histoire, à partir des travaux des chercheurs bourguignons des 19ème et 20ème siècles.

Les sols des alentours de Montillot se sont constitués au cours de l’ère secondaire des géologues, dans sa deuxième phase, le « jurassique moyen », il y aurait entre 170 et 150 millions d’années. Plus de 4 milliards d‘années s’étaient alors écoulés depuis la formation de la « planète Terre ». Initialement en fusion, la « croûte terrestre » s’est refroidie lentement . Des continents se sont formés, puis se sont disloqués, et se sont recombinés plus tard , en glissant sur le « manteau terrestre » sous-jacent, visqueux et agité de mouvements de convection, car chauffé par le noyau terrestre en fusion… Conséquence de ces mouvements : des  compressions et des chevauchements de « plaques tectoniques » voisines qui créent des chaînes de montagnes. C’est ainsi qu’au cours de la période « carbonifère » de l’ère primaire apparaissent les Monts Apalaches de la future Amérique du Nord, ainsi que, dans la future Europe, les Ardennes, le Harz, le Massif Armoricain, le Massif Central, les Vosges, la Forêt Noire …( il y a environ 300 millions d’années). C’est le « plissement hercynien » essentiellement dû au « rapprochement » de 2 supercontinents, l’un dans l’hémisphère Sud, le GONDWANA, l’autre un peu plus au Nord, l’EURASIE. Leur soudure se termine au cours du « Permien », dernière période de l’ère primaire pour constituer la PANGÉE avec au Nord une mer froide et au Sud-Est la THETIS, océan chaud.

Noter qu’à cette époque la France aurait été située au niveau de l’Equateur.

Les géologues placent le début de l’ère secondaire vers – 245 millions d’années et la partagent en trois périodes : le Trias, le Jurassique et le Crétacé. Au cours du Trias, on a, sous un climat désertique, un début d’érosion de la chaîne hercynienne. Des débris gréseux (sable aggloméré) alimentent les fosses apparues entre les nouveaux reliefs, par exemple entre le Morvan, les Ardennes, les Vosges  et les Monts de Bretagne, – le futur  « Bassin Parisien » – et de même pour le Bassin Aquitain. Mais, phénomène plus important, le nouveau supercontinent subit des pressions internes d’origine volcanique qui provoquent une nouvelle cassure, cette fois entre la partie Est et la partie Ouest. Une grande faille sépare les futurs continents Afrique et Amérique et ouvre l’Océan Atlantique-Nord. La plus grande partie du continent de la future Europe de l’Ouest est submergée par des mers tropicales et peu profondes

Au début du Jurassique, la mer envahit l’ensemble de la France ; seules quelques régions émergent, Massif Armoricain, Ardennes, Massif Central… Les mouvements successifs de la mer ont déposé des sédiments durant plus  Geol3de 200 millions d’années dans la cuvette du Bassin parisien, dont le fond s’affaisse sous la charge. ( Ces dépôts , complétés à l’ère quaternaire par les alluvions au fond des vallées atteignent aujourd’hui une épaisseur de 3000 mètres à l’Est de Paris ). Des couches se sont succédé, avec des compositions différentes selon les conditions environnementales propres à chaque époque (hauteur d’eau variable en fonction de la température par exemple), telles des assiettes empilées, la plus grande s’appuyant sur le socle des massifs granitiques du pourtour.

On voit donc sur la carte géologique du Bassin Parisien un ensemble de couronnes concentriques – les bords des « assiettes » -,  les plus anciennes , de l’ère primaire, à l’extérieur, et en se rapprochant du centre Paris, on franchit le secondaire, le tertiaire, puis le quaternaire.

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(d’après Cavelier, Mégnien, Pomerol
et Rat -1980)

Application au département de l’Yonne :

– à la pointe extrême Sud-Est, depuis le Sud de Quarré-les-Tombes jusqu’à l’intérieur même de la ville d’Avallon, nous sommes dans le Morvan, avec un point culminant à 609 m,  On a surtout des roches de granite et de gneiss, composées de quartz, mica et feldspath, qui sont des silicates de divers métaux ( Al, Ca , K, Fe, Mg…). Sous l’effet des pluies acides , ces roches se sont décomposées en surface ; un sable grossier l’arène, les recouvre.

– on a un 2ème « bord d’assiette », de largeur 10 à 20 km, à l’Est et à l’Ouest d’Avallon. Le sol de la Terre-Plaine s’est constitué au Lias ( début du Jurassique) par érosion des roches silicatées en argiles et marnes ( roches tendres contenant moitié argile et moitié calcaire) sur les pentes du Morvan baignées par la mer.

– puis une bande Sud-Ouest / Nord-Est , large de 30 à 40 km, jusqu’aux abords d’Auxerre et de Tonnerre, couvrant ce qu’on a coutume d’appeler les plateaux de Basse-Bourgogne, relevant du Jurassique moyen et supérieur ( le « supérieur » étant le plus tardif), et où la sédimentation calcaire remplace les dépôts silicatés. Ces dépôts calcaires sont composés essentiellement de « fossiles » c’est-à-dire de débris d’animaux et de végétaux marins.

Selon l’origine de ces dépôts, cette bande est partagée en deux :

> la première partie, au Sud, dans laquelle se trouve Montillot, a une largeur moyenne de 15 km, et est limitée grossièrement au Nord par une ligne allant de Lucy-sur-Yonne à Ancy-le-Franc. On a ici des calcaires « à dominante oolithique et bioclastiques ». Les « oolithes » sont des grains sphériques (diamètre de l’ordre du mm en moyenne) formés par dépôt chimique de couches successives de carbonate de calcium, autour d’un « noyau », constitué de débris de roches ou d’origine biologique (« bioclaste »). Le calcaire oolithique, dépourvu de fossiles, est le plus compact et est utilisé en pierre de taille pour les grandes constructions ( pour les églises, voir l’étude de M. Stéphane BUTTNER, du Centre d’Etudes médiévales d’Auxerre, sur « les matériaux de construction des églises dans l’Yonne » publiée en septembre 2010 ). Pour plus de détails sur les cartes, cliquer ici ou la.

la 2ème partie, au Nord de la précédente, se caractérise par des « récifs coralliens » : dans une mer peu profonde et de température supérieure à 18 degrés, des animaux, les mandrépores, et des végétaux se sont associés et ont fabriqué en commun un support calcaire, le « polypier », à partir des ions « carbonate » et « calcium » contenus dans l’eau de mer (ce phénomène curieux se poursuit de nos jours dans les régions maritimes tropicales, Polynésie, Caraïbes, Australie…).  Les récifs de notre région ont été construits au début du « jurassique supérieur – étage oxfordien – » , il y a environ 150 millions d’années, en 500 à 600.000 ans. Ils constituent une masse rocheuse importante, de largeur 2 à 25 km, au Nord d’un ligne approximative Clamecy-Saint-Moré ; l’épaisseur pouvant atteindre  80 à 100 m. Des coupes de ces roches apparaissent en falaises au bord des rivières, à Mailly-le-Château, Merry-sur-Yonne, Châtel-Censoir…( Dans la carrière des Rochers du Parc – actuellement réserve naturelle -, on observe sur les parois les silhouettes de nombreux coraux « en position de vie » ).Geol5

L’ « avant-récif », tourné vers le large, serait situé à Mailly-le-Château, la « barrière récifale » aux Rochers du Parc, l’ « arrière-récif » aux Rochers du Saussois. Le « récif tabulaire » (système récifal inférieur, – le plus ancien -) apparaît plus en arrière ; près de Châtel-Censoir : l’examen d’une falaise surplombant la voie ferrée met en évidence les  couches correspondant aux étages successifs du jurassique : callovien moyen , callovien supérieur, oxfordien inférieur et moyen…, chacun avec leurs fossiles caractéristiques. Tout en haut affleure le « complexe récifal supérieur », au même niveau qu’aux rochers du Saussois (altitude 180 m). Les « récifs de la vallée de l’Yonne » ont été décrits en détail à partir de 1972 par le géologue Pierre RAT dans son « Guide géologique Bourgogne-Morvan » . Il y présente une « construction généralement non stratifiée, orientée W-E » qui « forme barrière entre la mer ouverte, côté Bassin de Paris, et une plate-forme peu profonde, lagon, dont l’extension vers le Sud n’est pas connue du fait de l’érosion ».

La carte géologique de la région Yonne-Cure fait apparaître nettement un large massif coté   «  J6a-5 » = « étage oxfordien supérieur et moyen » avec sa bordure Nord de Mailly-le-Château à Arcy sur Cure, entaillé par les deux vallées. Vers le Sud, il semble s’effilocher en plusieurs plaques, séparées par des zones cotées « mp = miocène-pliocène », donc relevant de l’ère tertiaire

Montillot se trouve donc à peu près au centre de la partie des  « Plateaux de Basse-Bourgogne » située entre les vallées de l’Yonne et de son affluent, la Cure. En leurs points les plus proches, les altitudes de ces cours d’eau sont de 136m pour la Cure au Gué-Pavé et de 135 m pour l’Yonne près de Châtel-Censoir, alors que le village est à 227 m. Les routes principales rejoignant Montillot depuis les vallées proches montent donc d’une centaine de mètres, ce qui peut justifier le toponyme (« petit mont » ? ).

Tout près du village on a 2 collines boisées de 300 mètres environ (la montée commence aux dernières maisons…) et une plaine cultivée.

 

Carte IGN 

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Les collines →

a) Au Sud-Ouest, le « Bois des Perruches » (sommet à 316 m) est classé par les géologues « J3b – étage callovien moyen, calcaires marneux » . Des sondages. de prospection pour alimentation en eau du village, effectués en 1991 par le B.R.G.M  ( Service géologique national) ont précisé cette structure . En creusant à partir du sommet, on a rencontré :

– 35 m de calcaire cristallin (J3b = « callovien moyen »

– 100 m de calcaires oolithiques à entroques – pièces calcaires provenant de la désagrégation du corps des « crinoïdes » ou « lys de mer » qui formaient de vraies prairies sous-marines-

– 50 m de marnes et de calcaires marneux jaunâtres (J2a =: « bathonien inférieur »)

–  ensuite on atteint les premiers dépôts du jurassique ( l5-6 = lias supérieur, marnes ( le  « lias » étant le « jurassique  inférieur », le plus ancien )

Toute la partie supérieure de la colline date donc du jurassique moyen, « bathonien » puis « callovien », en gros moins 170 à moins 160 millions d’années (-100 Ma) (c’est la « Grande Oolithe » des anciens auteurs).

 b) au Nord-Ouest,  le « Crot blanc » (sommet à 292 m) , classé J6a-5 , jurassique supérieur, comme le massif corallien cité plus haut. Sa partie supérieure affleurante,  datant de -160 à -155 Ma, est donc un peu plus récente que celle de la colline voisine des Perruches ( on y trouve les vestiges d’une ancienne carrière). Le Crot blanc se prolonge au Nord sur 3 km, avec la même structure, entre Brosses-le-Haut et son hameau La Perrière. Sur la carte géologique, cet ensemble apparaît comme un morceau détaché de l’arrière-récif dont le front avant est à Mailly-le-Château et Mailly-la-Ville.

Dès 1847, Gustave COTTEAU, géologue réputé pour sa connaissance des fossiles, avait signalé l’étendue arrière de ce massif, qu’il appelait le « coral-rag ». Dans le Bulletin de la Sté des Sciences de l’Yonne, il écrivait ; « Le coral-rag occupe une grande place dans notre département ; il est largement développé depuis Mailly-la-Ville jusqu’à Etais ; sur toute cette bande, la mer corallienne, franchissant les rivages naturels que lui opposait l’oxford-clay moyen (dit aujourd’hui le «callovien »), recouvrit sous ses roches madréporiques des formations beaucoup plus anciennes et vint àMontillot et à Andryes, laisser des traces de son séjour jusqu’au milieu de l’étage bathonien »…

On remarque 2 autres « appendices » analogues prolongeant le récif vers le sud , au niveau de Bois d’Arcy-Saint Moré à l’Est et au Sud de Châtel-Censoir à l’Ouest. Des dépressions d’altitude moyenne 200 m, les séparent, résultant peut-être de tassements de la croûte terrestre sous le poids des sédiments.   . Mr Denis BAIZE, de l’INRA-Orléans, a émis l’hypothèse en 1991 que ces alluvions anciennes « jalonnent un très ancien cours d’eau le long d’un axe Asquins, Montillot, Bois d’Arcy, Avigny, Bazarnes ».

 La plaine →  lieux dits « plaine de la Chally » et « la Canne »

Pratiquement horizontale, entre les cotes 210 et 220 m, elle se situe justement dans une zone de « tassement » signalée entre les vestiges d’arrière-récifs coralliens. Classée « mp » = miocène-pliocène , par les géologues, elle résulterait, d’après la notice BRGM de la carte « Vermenton » au 1/50000, d’alluvions très anciennes et de dépôts « détritiques » (désagrégation de roches par érosion) de l’ère tertiaire, dans une très ancienne vallée (« paléo-vallée ») sur une épaisseur de 10 à 20 m . Des fouilles peu profondes y ont mis en évidence :

– une « matrice argileuse et siliceuse rougeâtre »

– des gravillons, des nodules ferrugineux, de petits quartz venant du Morvan proche

– des « chailles » (ou « cailloux ») plus gros, certaines jaunes en coupe , d’autres de grès ferrugineux, d’autres de quartz.. ;

– quelques éléments plus gros (diamètre 30 cm) de grès ferrugineux.

D’après Mr Denis BAIZE, décrivant ce secteur Montillot-Bois d’Arcy, :  ces alluvions occupent une sorte de « poljé » (plaine des paysages karstiqgeol7ues) s’étendant entre des buttes de calcaire récifal pentues et aux sommets arrondis, les « buttes rondes ». Ces alluvions sont déposées sur un socle callovien.

Mr COLLENOT, dans le bulletin de la Société des Sciences de Semur de 1871 signale ce « bassin de  l’époque tertiaire dans lequel se trouve au sud le village de Montillot »… «  limité par Rochignard, la colline du Bois d’Arcy et la Côterette ; la tuilerie[1] de Montillot emploie des argiles jaunes, tachées de blanc et de rouge, avec quelques gros grains de quartz, qui sont tirées  sur une épaisseur de 2 mètres au N-E du village et dans lesquels il y a , çà et là, des nids de sable grossier rouge »

.Mr COLLENOT rappelle que  Mr MOREAU, autre géologue, avait attiré l’attention en 1864, dans le bulletin de la S.E.Avallon, sur un autre « abaissement très prononcé », qui « passe  par-dessus Blannay, Bois d’Arcy et arrive à Mailly-le-Château, près des Roches du Saussois » ; il ajoutait : « il est tellement prononcé qu’on a pensé à y placer un chemin de fer »….

La plaine proche de Montillot est propre à la polyculture, telle que pratiquée jusqu’au milieu du 20ème siècle ; blé, avoine, orge, seigle, betteraves , fourrage – trèfle, luzerne, sainfoin et graminées diverses -, arbres fruitiers, fraisiers, framboisiersLa plupart des pâtures situées autour du village, dans une zone plus limoneuse, disposaient toutes d’un abreuvoir, fouille peu profonde, étanche grâce à la couche d’argile sous-jacente, et conservant l’eau de pluie et de ruissellement proche . A l’intérieur même du village, 4 ou 5 mares, – maintenant comblées – , construites sur le même principe, accueillaient les troupeaux chaque soir… Montillot n’a en effet pas de source sur son plateau ; les eaux de pluie s’infiltrent dans les fissures de couches calcaires et les sources n’apparaissent que dans les vallées : à l’Est dans le hameau du Vaudonjon, près de la Cure ; à l’Ouest à l’étang de Marot qui alimente le « ru de Brosses ».  Dans la même zone proche du village, on a cultivé le chanvre jusqu’à la    fin du 19ème siècle ; les chénevières exigeaient en effet un sol frais et profond, engraissé au fumier de ferme (bétail et volailles), cette plante à racine pivotante pouvant atteindre plusieurs mètres en 3 mois. Ensuite ces terres ont été utilisées en jardins potagers  (cf l’ancien lieudit « Pré du Mitan »)..

Si on s’éloigne du village vers le Nord-Est, une pente s’amorce à environ 1 km vers 2 autres collines atteignant également 300 m ; L’une, « Rochignard », présente à son sommet une plaque affleurante de quelques dizaines de mètres d’arrière récif corallien « J6a-5 » sur un sous-sol du callovien ( J3 = «  chailles litées et calcaires oolithiques »). L’autre, du Callovien aussi, domine d’un côté le hameau des Hérodats, de l’autre la vallée de la Cure à Blannay. A partir du début de la pente, sur 5 ou 600 mètres, le sous-sol est un peu plus ancien, classé J2c-b = « bathonien supérieur et moyen, calcaires oolithiques et marnes ». Dans cette zone, exposée au Sud-Est, où la couche arable est moins épaisse, la vigne a été cultivée jusque vers 1960 ( il y avait 60 ha de vignes au début du 20ème siècle sur le territoire de la commune)..

A 1 km vers le Sud-Est  la descente s’amorce vers la vallée de la Cure ;  35 m d’altitude  sont perdus au haut du hameau du Vaudonjon  et 55 m au bas. Dès le début , on quitte la plaine et on retrouve un sous-sol plus ancien, classé J2a = « bathonien inférieur, calcaires marneux et marnes »., le même rencontré au cours du forage aux Perruches, à -135 m…Les registres d’état-civil du 19ème siècle citent de nombreux vignerons habitant le Vaudonjon ; ils exploitaient les terres pentues  exposées au Sud-Est. Moins d’un km après Vaudonjon le Bas, on rejoint la Cure, avec ses alluvions, anciennes (« Fy ») au pied des pentes et plus modernes ( « Fz ») dans le lit même de la rivière ( sables et graviers du quaternaire)..

Vers le Sud, le territoire de la commune s’allonge sur 3 à 4 km vers celui de Vézelay. C’est une zone boisée, mis à part les alentours proches de petits  hameaux, la Charbonnière et la Bertellerie. Le sous-sol est classé J2b-3a = « callovien inférieur ; bathonien moyen et supérieur; calcaires oolithiques ». En surface, selon la nature du calcaire sous-jacent, on a des formations argileuses d’épaisseur variable appelées « terres d’aubues » – au-dessus des calcaires durs – et « argiles à chailles »[2] – éléments grossiers siliceux, au-dessus des affleurements du callovien -.

Nos sous-sols profonds datent  donc bien  du jurassique, deuxième période de l’ère secondaire.

Après le premier cycle de sédimentation à dominante calcaire, la mer se retire de nos régions, suite à d’importants bouleversements à la surface de notre planète ; l’Océan Atlantique-Sud s’ouvre, séparant la future Amérique du Sud de la future Afrique, laquelle va commencer à se rapprocher lentement de la future Europe…
Au début du crétacé ( -135 millions d’années), retour de la mer, avec une 2ème sédimentation – argilo-sableuse -, après quoi la mer se retire, puis revient au crétacé supérieur causant une 3èmesédimentation.
A la fin du crétacé, donc de l’ère secondaire  – 65 millions d’années , période où l’on place la disparition des dinosaures –, la mer se retire définitivement de nos plateaux de Basse-Bourgogne.
Au cours de l’ère tertiaire se forment les grandes chaînes de montagnes actuelles, des Alpes à l’Himalaya, par suite de la remontée vers le nord des plaques tectoniques des continents africain et indien, de leur collision ( période oligocène, vers – 30 Ma) avec la plaque eurasienne, puis du chevauchement de leurs bordures.

Ce phénomène a pour conséquence de soulever le Morvan et de le faire basculer vers le Nord-Ouest, ce qui provoque des fractures et accentue l’action d’érosion des eaux-vives .Des limons, des dépôts de sable et d’argile à silex, sans coquillages marins, comblent les creux du relief   ( par exemple, la plaine de Montillot au mio-pliocène) et des vallées se creusent.
Geol8Autres traces de la présence de lointains ancêtres : en 1879, recherchant des pierres pour  l’entretien du chemin de Montillot à Tameron, on a trouvé sur le versant Sud de la colline voisine deRochignard, 4 amas de pierres de 15 à 20 mètres de diamètre et 1m50 à 2 m de haut, qui étaient en fait des sépultures (les « tumuli »). Les objets déposés à côté des squelettes ont été estimés comme relevant du début de l’âge du fer, c’est-à-dire datant d’il y a environ 3000 ans. Après une longue  évolution biologique, en passant par l’australopithèque il y a 2 millions d’années, l’homme arrive à sa forme « moderne » – l’homo sapiens – il y a environ 35000 ans. Des restes de son prédécesseur l’Homme de Néanderthal, ont été reconnus par le professeur LeroyGourhan et son équipe, au cours des   recherches  effectuées dans les grottes des massifs calcaires d’Arcy-sur-Cure à partir de 1946. Ces grottes constituaient des abris au cours de la dernière période glaciaire. Le mode de vie et les outils inventés par ces hommes – caractéristiques de l’âge de pierre – ont pu être décrits.L’ère quaternaire, débutant il y a environ 2 millions d’années, est caractérisée par des glaciations successives et l’apparition de l’Homme. Les 4 dernières périodes glaciaires se situent vers  – 600000, – 480000, – 240000 et – 120000 ans et ont duré de 50 à 100000 ans chacune. La dernière s’est terminée il y a 10000 ans.

Nous sommes très près de l’époque actuelle…En parlant du paléolithique et de l’âge de pierre à Arcy, puis des âges du bronze et du fer à Rochignard, nous ne sommes plus dans l’histoire de la Terre, mais dans celle de l’Homme.

C’est  un autre chapitre qui s’ouvre A suivre

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